Nalia, la mythomane Tome 1

de Robyn Tyo’o • Tragédie

4 $US le livre complet / 103 pages

Description

Chapitre 1 Douala, la capitale économique du Cameroun, était une ville de contrastes saisissants. Les gratte-ciel modernes côtoyaient les quartiers populaires, où la vie battait son plein au rythme des klaxons et des vendeurs ambulants. C’est dans l’un de ces quartiers, PK10, que vivait Nalia. Sa maison, une bicoque en tôle ondulée, était modeste mais accueillante. L’intérieur était exigu, les murs ornés de photos jaunies par le temps et de quelques tableaux naïfs. L’odeur de la cuisine, un mélange de piment et de poisson grillé, embaumait l’air. Nalia, une jeune fille de dix-huit ans, aux yeux noirs pétillants et aux cheveux crépus, était assise sur un tabouret bas, les yeux rivés sur un vieux téléviseur. À l’écran, des mannequins défilant sur des podiums luxueux contrastaient cruellement avec sa propre réalité. Elle rêvait de cette vie-là, loin de la chaleur étouffante de PK10 et de la précarité de son quotidien. _ Nalia, viens manger ! , appela sa mère, Efa, une femme corpulente aux traits doux. Nalia se leva à contrecoeur et rejoignit la table. Autour d’elle, sa famille était réunie : son père, Bete, un homme calme et travailleur, Mathieu son petit frère, un adolescent rêveur et Sarah sa petite sœur, une jeune fille espiègle. _ Encore du poisson ? demanda Nalia avec un air de dégoût. _ Tu sais que c’est tout ce que nous pouvons nous permettre répondit Bete, un peu blessé. _ Mais papa, je suis tellement fatiguée de manger toujours la même chose ! , insista Nalia. _ Un jour, tu pourras manger tout ce que tu voudras répondit Bete avec un sourire triste. Après le repas, Nalia se retira dans la chambre, un petit réduit où elle pouvait à peine se retourner. Elle se coucha dans son lit et sortit un vieux cahier. C’était son journal intime, son refuge où elle pouvait confier ses rêves les plus fous. « Cher journal, aujourd’hui encore, j’ai rêvé de villas avec piscine, de voitures de sport et de vêtements de marque. Je déteste cette vie, je veux m’en sortir. Je veux être riche, célèbre, admirée. Je ferai tout pour y arriver », écrivit-elle avec passion. Un soir, alors que la famille était réunie dans la cour à taper des faits divers, Nalia prit la parole. _ Vous savez, un jour, je quitterai ce quartier. Je partirai à la capitale, je trouverai un bon travail et je vous ferai tous sortir de la misère annonça-t-elle d’une voix ferme. Ses parents échangèrent un regard inquiet. Bete posa une main sur l’épaule de sa fille. _ C’est une belle ambition, ma fille mais n’oublie pas tes racines. Nalia haussa les épaules, un sourire amer aux lèvres. Elle savait que ses parents ne comprenaient pas. Ils étaient trop attachés à leur vie simple, trop contents de peu. Elle, elle voulait plus, beaucoup plus. Avant d'aller au lit, sa mère vérifiait si tout était verrouillé. Elle aperçut sa fille devant la fenêtre qui regardait les étoiles. Elle s'approcha d'elle _ Nalia, ma fille, tu sais que je t’aime plus que tout au monde. Mais il faut être réaliste. Nous n’avons pas les moyens de t’offrir une vie facile. _ Je sais, maman. Mais je ne veux pas me résigner à vivre comme ça toute ma vie. Je veux plus pour nous tous. _ Je comprends ton désir de réussir soupira-t-elle avant de reprendre, mais attention à ne pas oublier qui tu es. L’argent ne fait pas le bonheur, tu sais. Nalia ne répondit plus. Elle passa de nuit de rêve encore une énième fois. Chaque matin, Nalia se réveillait avec une boule au ventre. L’idée d’aller au lycée de la Cité des Palmiers la remplissait d’une angoisse sourde. Elle aurait tant aimé étudier au collège Libermann, l'un des meilleurs de la ville avec ses bâtiments modernes et ses élèves issus des meilleures familles de Douala. Mais les frais de scolarité élevés en avaient empêché. Le lycée de la Cité des Palmiers était l’exact opposé de ce qu’elle rêvait. Les bâtiments étaient non peintes, les salles de classe surpeuplées et l’ambiance générale était plutôt tendue. Nalia se sentait comme un poisson hors de l’eau au milieu de ces élèves souvent arrogants, prétentieux et parfois grossiers. Ce matin-là, comme tous les autres, elle se dirigea vers la cantine. Elle alla s'offrir des beignets, son petit plaisir du jour. Alors qu’elle faisait la queue, elle aperçut un groupe d’élèves de terminale de série littéraire, des filles toutes plus apprêtées les unes que les autres. Elles riaient aux éclats, leurs regards se posaient sur elle avec mépris et moquerie. _ Regarde-la, celle-là ! Elle croit vraiment qu’elle peut manger avec nous ? lança l’une d’elles, une fille grande et maigre avec des cheveux dures tissées de nattes. Les autres filles éclatèrent de rire. Nalia rougit de honte et baissa la tête. Elle connaissait ces filles depuis la sixième. Elles venaient toutes de familles riches et influentes. _ Oh, regardez ce qu’elle a acheté ! Des beignets à 100 francs ! Quelle misère ! railla une autre fille. Nalia serra les poings. Elle avait envie de leur répondre, de leur dire qu’elle valait autant qu’elles, mais elle se retint. Elle savait que cela ne servirait à rien. Lorsqu’elle eut enfin ses beignets, elle s’isola dans un coin de la cantine. Elle les dégusta lentement, le cœur serré. Elle pensait à ses amis, Fernand et Rebecca. Eux aussi venaient de milieux modestes, mais ils n’avaient pas à subir les mêmes humiliations. Fernand était un garçon beau, intelligent et drôle. Il attirait les filles grâce à son charme qui faisait oublier de quelle classe il venait. Il avait un rêve : devenir footballeur professionnel. Il passait presque toutes ses après-midi sur le terrain, s’entraînant d’arrache-pied. Rebecca, quant à elle, était une fille douée en littérature, brune et jolie. Elle ne laissait pas plusieurs garçons indifférents. Elle rêvait d’écrire un roman et de le faire publier car elle a commencé à aimer ma lecture depuis petite. Elle était dans la même classe que ces filles qui passaient leur temps à embêter Nalia. Après les cours, Nalia retrouva ses deux amis devant le lycée. _ La journée a été ? demanda Fernand. Nalia haussa les épaules. Comme d’habitude. _ Ces filles de ta classe Rebecca, elles sont vraiment insupportables renchérit Nalia. Elles croient qu’elles sont meilleures que nous parce qu’elles ont de l’argent. _ Je ne comprends pas pourquoi elles tiennent tant à t'humilier soupira Rebecca. _ C’est parce qu’elles ont peur de Nalia ppur dire vrai lança Fernand avec un sourire. Elles savent que Nalia est intelligentes et belles contrairement à elles. Le seul moyen qui les console est de te faire du mal. Nalia sourit à son tour. Les mots de Fernand la réconfortèrent un peu. Elle savait qu’il avait raison. Mais elle savait aussi que le combat serait long et difficile. Les trois amis se connaissent depuis la classe de 6ème. Chacun se trouva seul dans sa classe lorsqu'ils décidèrent de suivre leur préférence. Nalia, a eu un penchant pour la science, Rebecca pour la littérature et Fernand pour les mathématiques. Malgré qu'ils étaient pauvres, Rebecca et Fernand ne manquaient de rien. Leurs familles s'en sortaient un peu par rapport à ceux de Nalia. Cela stressait Nalia et elle pensait que sa famille était maudite. Elle voulait au moins naître dans une famille qui ne manque de rien. Elle nourrissant des ambitions dangereuses de jour en jour. A suivre...

À propos de l'auteur

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Robyn Tyo’o

29 livres

Robyn Tyo’o est une chroniqueuse littéraire et écrivaine qui a toujours eu un faible pour la lecture et l’écriture. Elle a réalisé un de ses rêves en éditant deux romans chez la maison d’édition APEL Editions. Elle compte bien en éditer d’autres.

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