– Je veux mon mari… me lança Jaurès, en pleurs
Comment pouvait-elle dire une chose pareille ? Moi j’étais là et elle préférait attendre son mari qui ne la considérait même pas à sa juste valeur. Un courage surgit en moi. Je lui soulevai le menton et l’embrassai sur la bouche. Elle retira aussitôt ses lèvres et mit ses mains sur ma poitrine comme une barrière entre elle et moi.
– Qu’est-ce que tu fais ? Me demanda-t-elle
– Je te montre que je suis là pour toi. J’ai toujours été là. Mais tu ne l’as jamais remarqué. Laisse-moi être là pour toi Jaurès. Paul ne te mérite pas…
J’avais franchi le pas que j’hésitais à franchir depuis des mois. Je savais que c’était la porte du non-retour et j’étais prêt à assumer les conséquences. Jaurès ne répondit pas à ma dernière phrase. Elle et moi nous fixâmes dans les yeux, séparés par ses bras tendus. Je lisais dans son regard l’ardeur de ses désirs refoulés plus tôt chez Johannita.
Je pensais qu’elle allait me rendre mon baiser mais elle se leva et sortit de ma chambre. Je m’écroulai sur le matelas, découragé et déçu. Mais juste l’instant d’après, elle revint sur ses pas. Elle rouvrit ma porte et entra dans ma chambre. Pendant qu’elle refermait la porte sur nous deux, je me redressai aussitôt du lit et me levai. Jaurès me regarda. Je la fixai dans les yeux. Elle s’approcha et déposa ses lèvres sur les miennes. Elle me rendit mon baiser.