Le Nord-Ouest et le Sud-Ouest (NOSO) du Cameroun, jadis fleurons de la diversité et de la prospérité, sont aujourd'hui le théâtre d'un conflit armé aux conséquences désastreuses, plongeant les populations dans une spirale de violence et d'incertitude. Depuis 2016, cette région, autrefois symbole d'une cohabitation pacifique, est le siège d'affrontements opposant les forces gouvernementales et des groupes armés sécessionnistes, exacerbant les tensions ethniques et culturelles.
Les combats, les exactions et les déplacements forcés ont engendré une crise humanitaire d'une ampleur sans précédent, avec des milliers de morts, des centaines de milliers de personnes déplacées, et un tissu social en lambeaux. Dans ce contexte d'anarchie et de désespoir, la voix des femmes, trop souvent reléguée au silence ou marginalisée, est devenue d'autant plus cruciale1. Pourtant, au sein de cette tragédie, une lueur d'espoir persiste, l'émergence d'une participation accrue des femmes citoyennes dans la gestion du conflit.
Traditionnellement cantonnées à des rôles subalternes, elles se sont révélées être des actrices essentielles de la résistance, de la protection des populations, et de la recherche d'une paix durable. Ces femmes, qu'elles soient actives
au sein d'organisations non gouvernementales (ONG), d'associations de la société civile, ou simplement mères, sœurs, épouses, et filles, ont fait preuve d'un courage remarquable et d'une détermination inébranlable face à l'adversité. Leurs actions, allant de la fourniture d'aide humanitaire à la médiation communautaire, en passant par la dénonciation des violences et le plaidoyer pour la paix, témoignent de leur rôle central dans la reconstruction sociale et le rétablissement de la dignité humaine.
Dans ce chapitre, nous explorerons en profondeur comment la résolution 1325 du conseil de sécurité des nations unies, adoptée en l'an 2000, a servi de catalyseur à cette dynamique. Cette résolution, pionnière en son genre, met l'accent sur le rôle essentiel des femmes dans la prévention et la résolution des conflits, la consolidation de la paix, et la sécurité. Elle appelle les États membres à intégrer une perspective de genre dans toutes les politiques et les actions de maintien de la paix, et à assurer la participation pleine et égale des femmes à tous les niveaux de la prise de décision.
Cet article se propose d'analyser comment la résolution 1325, en offrant un cadre normatif et un appel à l'action, a influencé la participation des femmes citoyennes dans la gestion du conflit au NOSO, notamment dans la ville de Bamenda, épicentre de la crise.
Nous examinerons l'impact des femmes au sein des ONG et de la société civile dans la crise du NOSO, mettrons en lumière les rôles clés qu'elles ont jouées, les défis auxquels elles ont été confrontées et les contributions significatives qu'elles ont apportées à la réponse humanitaire, à la protection des droits humains, et à la promotion de la paix.
Nous nous appuierons sur des témoignages poignants et des études de cas empiriques pour illustrer l'importance de leur action. La seconde section se concentrera sur la résolution 1325 comme incitateur à la mobilisation des femmes dans le NOSO. Nous analyserons comment cette résolution a servi de levier pour renforcer les capacités des femmes, les sensibiliser à leurs droits, et leur offrir de nouvelles opportunités de participation. Nous examinerons également les limites de la résolution et les obstacles persistants qui entravent la pleine participation des femmes.