Il n’y (a) plus de politique africaine de la France. Le fracas des armes en Ukraine a résonné bien au-delà des frontières de l'Europe, propageant des ondes de choc à travers l'échiquier géopolitique mondial. Ce conflit, dont l'ampleur et la durée défient les prévisions initiales, a mis à nu les fragilités d'un ordre international que l'on croyait établi, exacerbant les tensions latentes et révélant des fractures profondes.
Dans ce contexte de recomposition des forces, l'avenir de la Russie post-Poutine se dessine en pointillé, suscitant des interrogations cruciales quant à la pérennité de ses alliances et à l'évolution de ses stratégies d'influence, notamment sur le continent africain. L'attention se focalise avec acuité sur la région du Sahel, où la confédération des États du Sahel (CES) aussi appelé l’Alliance des États du sahel (AES), regroupant le Mali, le Niger et le Burkina Faso s'est affirmée comme un acteur incontournable, porteur d'une volonté de réécriture des partenariats traditionnels.
Née des cendres d'opérations militaires jugées inefficaces et d'un sentiment croissant de défiance envers les puissances occidentales, la CES incarne une quête de souveraineté et une volonté de diversification des soutiens, en particulier dans le domaine de la sécurité. L'exemple du Mali, qui a ouvertement sollicité l'appui du groupe Wagner (aujourd'hui africa corps) pour lutter contre les groupes armés terroristes, illustre cette nouvelle donne.
De même, la dénonciation d'accords militaires avec la France par le Burkina Faso témoigne d'une rupture assumée avec l'ancien partenaire colonial. Ces choix stratégiques, bien que controversés, mettent en lumière la complexité des dynamiques régionales et la nécessité de repenser les approches traditionnelles.
Afin d'apporter un éclairage pertinent sur ces enjeux cruciaux, cet article se propose d'analyser en profondeur les facteurs géopolitiques qui sous-tendent l'influence russe au Sahel, d'explorer les différents scénarios possibles pour l'avenir de la région, et de formuler des pistes concrètes pour une refonte des relations franco-sahéliennes, dans une perspective de partenariat équilibré et de développement durable. Il s'agira de dépasser les clichés et les simplifications hâtives, pour appréhender la complexité des réalités locales et les aspirations légitimes des populations sahéliennes.